Attention Privé ! (feuilleton de l'été 2019, épisode 1))
Un détective privé, Jérôme Toutain qui, visiblement vit encore comme dans les années 80 découvre encore une fois un cadavre. Ce qui serait comme qui dirait une habitude…
1er épisode
Lorsque Jérôme Toutain entra dans l'appartement, l'odeur de la mort y régnait déjà en maître. Depuis le coup de fil d'Annie, il avait tout de même fini par s'inquiéter. C'est pourquoi il s'était décidé à y aller.
Il saisit son portable :
- Commissaire Lagrue ? Amenez tout votre attirail et commandez un 190 en sapin... oui, au 3 rue des acacias... le 310... Rengainez votre mauvaise humeur et rappliquez !
Quand le commissaire arriva, Jérôme s'était déjà servi un whisky et fumait une cigarette dans un fauteuil dévoré par les mites.
- Alors Toutain, qu'est-ce que c'est que ce cirque ? Comment se fait-il que je vous trouve toujours là où je ne vous attends pas. Qui c’est cette fois ?
- Yo ! Commissaire, un peu de respect, regardez bien ce blaze, c'est un candidat aux élections... enfin pour vous, pas pour moi.
- Fabry ? s'étonna Lagrue en jetant un vague coup d'œil au cadavre. Comment diable avez-vous su ?
- Je ne livre jamais mes sources...
- Vous auriez dû rester dans la police, Toutain. En privé, vous êtes pitoyable !
Des voix montent vers eux tandis que Jérôme Toutain se lève nonchalamment, écrasant sa cigarette au sol sous l’œil navré du commissaire.
- Et oui commissaire, je suis libre aujourd’hui. Je vous laisse. Les photographes, les journalistes, très peu pour moi.
Tandis que Jérôme descendait l'escalier de service, la presse arrivait par l'ascenseur déglingué de l'immeuble, les caméras et autres I-Phone au bout d’une perche.
Il alluma une blonde qu'il laissa fumer entre ses doigts, et tout en marchant, réfléchit.
"Voyons, se dit-il, si Annie a vu Fabry avec Samia une heure avant que les hommes d'Arcioni montent, c'est que cette petite-là a profité de son corps encore chaud... Voyons... Elle crèche tout près, cette mignonne."
Jérôme avait son idée.
Arrivé sur place, la porte était déverrouillée. « Parfait, se dit-il »
- Salut poupée ! Il attrapa la chemise et le pantalon qui traînaient par terre et les balança à la tête du type qui était dans le lit.
- Tire-toi en vitesse, lança Jérôme.
Lorsque l’inconnu fut sorti, Samia mit un déshabillé et se versa un porto.
- Joli petit intérieur ! Commenta Jérôme en émettant un sifflement tandis que son regard se promenait sur l'appartement. Sers-moi un verre !
Il saisit un briquet en forme de dragon et alluma une cigarette.
- Qu'est-ce que tu veux poulet ?
- Privé mignonne, privé.
Samia s’esclaffa.
- Pour moi, c’est du kif.
Jérôme l’ignora.
- Fabry, ça te dit quelque chose ?
- Bien sûr, un gros client, il était là il y a trois heures.
- Fais une croix dessus beauté.
- Si t’es là, c’est qu’il doit être…
- Oui, mort, trépassé, six pieds sous terre.
- De mort naturelle ? Comme c'est triste, je l'aimais bien au fond...
- Assez de salades, où est-il allé après t'avoir quittée et à quelle heure ?
- Tout doux, coco.
Samia sortit une cigarette d'un étui en or qu'elle alluma avec un briquet de même valeur. A tous ses doigts brillaient des bagues sur lesquelles reposaient des pierres sans doute précieuses. Samia était du genre à porter de l’or sonnant et trébuchant.
- Ecoute mignonne, mon temps est précieux. T’accouche !
- Elle est belle cette expression dans la bouche d’un homme ! Combien tu me payes ? demanda Samia en croisant ses longues jambes.
- Je paie une pute pour me la faire, pas pour causer.
- Quelle vulgarité, Jérôme. En effet, tu aurais mieux fait de rester dans la police. Honneur et je ne sais pas trop quel tralala, c’est plus distingué.
Samia éclata d'un rire aigu. Ses yeux noirs brillaient. Elle décroisa les jambes et Jérôme eut soudain une bouffée de chaleur. "Cette môme là, toute brillante, j'm'l'enfilerais bien, là, tout de suite, sur la peau d'ours au pied du lit."
Jérôme reprit son souffle et évita de regarder Samia dans les yeux.
- Alors chéri, on perd contenance.
Et tandis que les yeux de Samia lançaient des éclairs, son rire cristallin perça les oreilles de Jérôme.
Ce dernier céda à cette envie qu’il retenait. Il se leva et accrocha la belle par le bras droit qu'il tordit dans son dos.
- Je ne répéterai pas la question.
- OK OK, pas la peine de t'énerver. Fabry était un régulier depuis deux ans. C'est lui qui m'a offert cet’appart et des tas de choses qui sont dedans, lâche-moi, tu me fais mal !
- La suite cocotte.
- C'est tout !
- Il parlait affaires ?
- Ecoute beau brun, il était tout l’inverse de toi, il venait pour baiser pas pour causer.
- A d'autres, son ex le gonflait. Il cherchait plus que se réfugier dans tes bras.
- Oui oui, on causait parfois, mais business, jamais, j't'jure ! Lâche-moi !
Jérôme la jeta sur la peau d'ours, jugea de l’effet du dépareillé de son entrejambe et sortit, satisfait de lui-même. "Beau p'tit lot, se dit-il, à l'occasion..."
Tout ça était encore à résoudre. C'était bien pour faire plaisir à Karine qu'il s'était lancé dans tout ça. Fabry était sans doute impliqué dans une traite de blanches et était hyper protégé par un homme de main. Ce qui ennuyait Jérôme, c'est qu’il ne voyait pas quelqu’un correspondre à ce profil dans son entourage. Et il faudrait un jour dire tout ça à sa fille, Karine Fabry…
En route, il pesta et changea de route pour gagner en rapidité. Ces vacanciers prenaient toute la place sur la rocade. C’était insupportable !
Quand il arriva chez Karine, il contempla les oeuvres de la police. Elle et son frère se tenaient enlacés. Jérôme sentit son estomac se nouer et beaucoup d’émotion le submerger que, comme à son habitude, il refoula. La jeune femme, vêtue d’un tailleur en soie sauvage du dernier chic, leva les yeux au cliquetis du briquet de Toutain quand il alluma une énième cigarette.
- Oh Jérôme ! Comment est-ce que ça a pu arriver ?
Elle se blottit contre lui. "Bonté divine, qu'elle est donc jolie avec ses grands yeux bleus embués et son parfum à 10 000 !" (à suivre…)