La Culture Magazine

Le Point, l’Express, le Monde, le Canard Enchaîné étaient ce que je lisais lycéenne et étudiante.

Je ne sais plus si je lisais et comprenait tout mais il y avait ce côté sérieux – avec le Monde surtout – et subversif – avec le Canard – qui me permettaient de communiquer avec les autres – que je croyais –

Plus tard, il y a eu Challenge puis Marianne, deux magazines qui flattaient mon envie de pénétrer des univers de façon nouvelle.

Parallèlement à mes études de cinéma sont arrivés tout un nouveau florilège avec les Cahiers du Cinéma, Première et surtout Studio Magazine, novateur, sans pub et glamour avec ses photos noir et blanc de stars que j’affichais chez moi, encadrées.

J’aimais les « “nouveaux” venus, synonymes de vent frais, de renouvellement, d’ouverture.

Et j’ai aussi gardé tous les numéros de Studio depuis le 1er avant de tout donner en bloc un jour.

Beaucoup parlent de lire et nous pensons à tort aux livres alors que le magazine est fouillé, documenté, illustré, à l’affût de l’actualité et aujourd’hui, il se mêle aux réseaux sociaux et avant même d’arriver en boutique, j’ai déjà lu et eu de larges extraits du contenu pour m’allécher.

De plus, j’y retrouve cette nouvelle génération qui communique aussi sur Instagram et j’y trouve des bonus de mes magazines préférés, impensables avant.

Nous imitons nos parents, dit-on, mais nous n’écoutons pas ce qu’ils disent.

Ma mère, elle, c’était Modes et Travaux – qui existe encore – et dont des piles jaunies par le temps s’entassaient encore après sa mort au fond des placards. Mon père, c’était Système D, toutes les astuces pour le bricolage.

Et enfant, j’ai connu de loin et de temps à autre les parutions de la maison Bayard que j’ai perpétué à mes enfants avec Pomme d’Api par exemple puis, en arrivant à Toulouse les Editions Milan, ”l’autre” éditeur jeunesse.

Dans tout ça, ado, nous avions aussi nos magazines people comme Podium et je crois bien qu’il était une création du chanteur Claude François. Un vrai succès avec de larges part aux photos de vedettes, introuvables ailleurs.

Je me souviens aussi de l’éternel Journal de Mickey et de Pif Gadget, véritable révolution avec son cadeau éphémère, digne des cadeaux de la fête foraine et imité ensuite par d’autres. Aujourd’hui, c’est largement répandu dans les magazines d’enfants, ajoutant un plastique bien pratique – certains magazines adultes le font aussi –

J’ai été fidèle à Studio magazine environ 30 ans jusqu’après leur fusion avec un autre magazine de cinéma. Il me servait de référence régulière lorsque je vérifiais ou cherchais une information sur un film.

J’avoue avoir aussi été curieuse de magazines dits féminins comme Femme actuelle, laissant un goût amer de vide une fois terminé en 5 minutes – même en lisant tout – ou d’autres comme Elle, Madame Figaro, Gala, Voici, encombrant les salles d’attente et rendant l’attente justement encore plus empreinte de vacuité.

Du côté masculin, je notais souvent une absence flagrante, hormis peut-être le sport à croire que tous les hommes se doivent d’aimer ça ! –

Puis, lors d’une remise en question dans mon couple et côtoyant deux amis dépressifs, je découvris Psychologie magazine, jusqu’à ce que j’en fasse le tour et que la vie quotidienne me rappelle et me renvoie à Première, le magazine cinéma que je refusais étudiante – trop banal et people – et que je lisais maintenant.

Et les magazines télé ?

De double utilité puisque certains fourmillent d’articles sur un média qui m’intéresse autant que le cinéma, je commence par ne jurer que par Télérama, réservé à l’élite que je crois pénétrer ainsi et qui s’avère vite ennuyeuse comme ce magazine mais je ne l’avoue pas.

Mère de famille, je trouve et cherche des compromis avec les Télé 7 jours ou encore un supplément censé être de plus haut niveau et puis finalement j’opte pour celui du journal de la région.

La consultation des programmes sur Internet arrêtera ces achats.

Rattrapée peut-être par l’exemple de ma mère, j’ai eu une période Modes et Travaux comme une amie – encore ce désir d’appartenance ! – et autres Prima.

Un grand bouleversement dans ma vie me rapproche d’un type de magazines auxquels je n’accordais qu’une attention distraite : me voici à suivre régulièrement et même à m’abonner  - avant d’être nomade – à Respire sous-titré « bien-être, créativité, équilibre, soin de soi », à Happinez et  à In the Moment.

Redondants au bout d’un temps.

Aujourd’hui encore, les deux premiers sont encore certains de mes achats. Leur exclusivité a été détrônée par Open Mind et parfois Flow et depuis peu par le tout nouveau Les Clés de mon énergie, initié par Natacha Calestrémé.

Négliger cette culture magazine, qu’elle soit lue sur papier – comme moi – ou en ligne, c’est nier tout un pan de la nourriture que nous donnons à notre cerveau.

Avec des articles courts, des résumés, des liens avec Instagram, Internet, il y a dans les magazines ce qui me révèle et m’interpelle.

« C’est moi, ça ! » me suis-exclamée en lisant un article sur l’hypersensibilité et je suis ensuite allée naturellement vers le livre d’Elaine N.Aron (Hypersensibles, mieux se comprendre pour mieux s’accepter) alors que sans ce magazine, je n’aurais jamais soupçonné que ça existait.

Et c’est comme ça que je conçois cette culture magazine : une ouverture vers plus grand, vers autre chose, vers une curiosité saine qui enrichit.

C’est peut-être pour ça que je délaisse aujourd’hui ce qui est dit « people » même si je comprends combien en savoir plus sur quelqu’un qu’on admire est compréhensible bien que le ton y soit pour beaucoup (sensationnel sans être véridique par exemple)

Et maintenant, ce qui me laisse un goût amer comme un appel au dénigrement ne me plaît plus.

Je sais juste et je replace ceci dans le contexte de la vente. Et vendre des petits oiseux qui chantent ou bien de l’optimisme en bouteille ne marche pas. Alors peut-être est-ce à nous de refuser ce type de presse et de nouvelles qui, de tout façon, nous parviendront, quoi qu’il arrive ?

Sur ce, je finis sur une citation trouvée dans le magazine Respire, celui d’une coach en écriture, Emmanuelle Jappert : « l’écriture nous aide à mieux comprendre la complexité du monde ».

Et ça, c’est un argument qui me pousse à continuer à écrire…et à lire.

À bientôt !

Dominique Chailan

Dominique Chailan, Autrice, Réalisatrice, Raconteuse d’histoires

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