Les routes du bien-être - 22
« Est-ce raisonnable de s’attacher aux gens alors qu’à tout moment ils pourraient vous être arrachés ? »
Pierre Bottero, Ellana
J’en reviens au bien-être que je n’appelais pas comme ça mais plutôt par les opposés : « ne pas souffrir », « ne pas grossir », « ne pas être malade ».
Je faisais ce qu’il fallait pour tenir, pour m’occuper de mes enfants – être indispensable, je croyais – j’allais chez l’ostéopathe quand mon dos se faisait sentir, je prenais des granules d’homéopathie pour mes migraines et mes allergies. Je dérogeais avec la ventoline® pour mon asthme (que je croyais) jusqu’à ce que mon corps, mon esprit, mon mental, mon âme et tout ce que vous voulez lâchent et que je passe une nuit noire de l’âme qui renverse mon système de valeurs ou, si vous voulez, active ma prise de conscience d’un mal être général qui n’était que théorique jusqu’ici.
Le vivre, c’est autre chose !
Ce qui est sûr est que je bénéficiais depuis adolescente d’autres façons de me soigner et qu’en changeant de région, j’avais presque paniqué à l’idée de perdre ces avantages. Mon médecin homéopathe dans l’Est de la France m’a orientée vers un pédiatre homéopathe uniciste à Toulouse en me disant que celui-ci me dirigerait vers d’autres praticiens.
Un réseau ? Une première idée, une graine plantée pour les personnes qui bougent et cela se fait de plus en plus, que ce soit pour quelques jours, des mois ou des années.
Je crois à un effet boomerang puisque je l’ai vécu. Boomerang dans le sens où accumuler des signes, des infos, écouter, entendre, lire sur un sujet pendant des années ou encore vivre des transformations inconscientes qui peuvent revenir d’un seul coup et prendre conscience en un instant (fulgurant) de toutes ces connaissances et ces savoirs, invisibles, comme s’ils appartenaient à un monde parallèle.
Est-ce que ce n’est pas le cas lorsque nous découvrons des personnes, des lieux, des idées dont nous savons qu’elles peuvent exister mais que nous avons classé de l’ordre de la science-fiction ou du roman et qui se manifestent dans notre réalité ?
Tout nous sert, nous ne savons pas comment ni pourquoi mais c’est ce que je disais à mes élèves en soutien scolaire – ce qu’ils avaient du mal à croire et je les comprends – et pourtant aujourd’hui, je le vis mais parfois je ne le conscientise pas.
Je m’explique ; par exemple, j’ai appris à faire du montage vidéo avec un banc de montage (oui on appelait ça comme ça, ne me demandez pas pourquoi et si vous avez la réponse, merci de la mettre en commentaire) puis est arrivé le numérique avec les ordinateurs puis aujourd’hui, cela peut se faire directement sur son smartphone.
Et bien, ces bases que j’ai acquises et les différents paliers où j’ai appris de nouvelles techniques sont là en moi et je n’y pense même plus. Ce sont des réflexes. C’est aussi ça qu’on dit être de l’ordre de l’inconscient.
Tout ce qui est en nous, nos apprentissages, nos savoirs, nos connaissances représenteraient 95% de notre personne, de notre être.
Aussi, conscientiser tout ça peut prendre du temps, d’autant plus que dans les 95%, il y a ce qu’on appelle nos traumatismes, tous les évènements difficiles, les souffrances… Perso j’ai mis du temps à me dire que j’en avais. Je me répétais tellement que ça allait, que tout était bien, que oui, j’avais vécu des trucs durs mais les images de guerre, de famine, de violences… sont tellement partout, qu’elles appellent à la charité, à pointer plus malheureux que soi et à minimiser ses propres souffrances. Est-ce que c’est générationnel ou historique ou familial ? je ne sais pas mais chez moi, les adages et les phrases définitives comme « c’est la vie » ou « c’est mon devoir » ou « tenir » ou « ne plus parler de ça, c’est passé » et résultat, personne ne parle à personne de ce qui le fait souffrir. Pour moi-même aujourd’hui, parler est à chaque fois un challenge, un défi autant dans ce qui me plaît que ce qui me déplaît.
Et puis il y a l’évolution qui fait que nous sommes passés, par exemple, de gros bébés en pleine santé qui étaient bourrés de nourriture puisque issus de parents (comme les miens, nés dans les privations de la 2e guerre mondiale) à être gros aujourd’hui qui est un signe de mauvaise santé et de moquerie, voire de culpabilisation.
Une amie d’enfance a entendu pendant 10 ans qu’elle était grosse de la part des médecins qui n’ont eu de cesse de la faire maigrir avant que ne soit diagnostiqué un problème d’hypophyse et de thyroïde. Son entourage parlait d’elle en disant « la grosse » et elle minimisait la chose en disant que c’était pour rire. Perso, je ne trouvais pas ça drôle !