Les Routes du Bien-Être - Genèse 07

Pour savoir ce qui m’a menée là, je t’invite à repartir au début du récit, ils sont numérotés dans le blog.

“Ne pas se sentir coupable n’est pas nier toute responsabilité.”

Fabrice Midal

C’est là que j’ai dit ces mots à mon médecin, le docteur B. « on est heureux mais on ne le sait pas ».

Une fois de plus, je le remercie de sa présence, de son écoute et de ses prescriptions, toujours dans le respect de ce que je veux et la question d’antidépresseurs n’est même pas évoquée.

Et c’est bien cette synergie avec M. et le docteur B. et – je le sais aujourd’hui – une force en moi que je m’étonne moi-même de trouver qui m’aident vraiment.

En arrivant chez M. la première fois, mes paroles furent « j’ai peur de tout » et « je veux communiquer avec mon mari ». J’avais mis le doigt sur ce qui me prenait aux tripes.

Comme quoi, nous pensons que l’accumulation de petits soucis nous pourrissent la vie, que c’est notre santé… alors qu’au fond de nous, tout est clair.

Conjointement à ces évènements, j’étais heureuse puisque je filmais à nouveau. Mon amie L. avait vu un de mes films sur une masseuse et en avait commandé un pour elle.

L. était en formation de Médecine Traditionnelle Chinoise et ouvrait son cabinet. Elle voulait un film publicitaire, enfin de présentation de son activité. Elle avait vu ce que j’avais fait 2 ans auparavant pour une masseuse et ça lui avait plu. Je lui ai fait un prix intéressant, prétextant que je me formais à un logiciel, un prix tellement intéressant et bas qu’aujourd’hui, je mesure le peu d’estime que j’avais de moi et de mes compétences, alors que cela fait plus de 30 ans que je pratique.

Je l’explique aujourd’hui par le manque de prestige que j’accordais à ce que j’avais réalisé ; films de promotions pour des particuliers, des organismes, films dans une télé locale de 5000 habitants, bien longtemps avant YouTube, la fibre et le sans-fil. J’avais suivi des études où le summum était de tourner pour le cinéma, des longs métrages, à la rigueur pour la télévision mais dans les années 1980, la télévision était considérée comme un sous-art, populaire et peu digne d’intérêt de l’élite. Et dire que j’aspirais à être comme ça !

Donc, pour en revenir à L. et à son film, L. que je connaissais un peu puisqu’elle habitait le même village que moi avant de divorcer et d’acheter un appartement où elle installait son cabinet. Quand je l’ai retrouvé chez elle, je suis décidée à être professionnelle mais pas du tout consciente de ma valeur, un peu comme elle, peut-être. C’est un peu tout ça qui a créé entre nous deux une relation bien au-delà du professionnalisme.

Quoi qu’il en soit, j’étais dans un état de nerf tel que je passais de l’exaltation à la déprime la plus totale et lorsque L. m’a effleurée me proposant de me montrer sa pratique, j’ai comme reçu une décharge. Tout mon corps disait non. J’étais une boule de nerf, prête à exploser.

Et c’est aussi dans cet état que j’étais pour ma première séance chez M. la psy. Elle m’avait fait allonger directement et même si cela n’a pas été immédiat, j’ai commencé à m’apaiser.

Ce qui était fatigant était de naviguer constamment entre des pics élevés d’exaltation et de joie et des abîmes où je pleurais chaque nuit et où mon corps souffrait mais je ne savais pas de quoi. Il y avait bien des traitements pour le cœur que j’avais commencé. Comme si consulter un pneumologue et une cardiologue attestait que ce n’était pas « dans ma tête » ou ailleurs – je n’étais pas très au courant de tout ça –

Avec M. ma psy, je commence à entrevoir les choses autrement, à faire de « nouvelles lectures » de ma vie, comme elle disait. Moi qui ai sans cesse envie de revenir à ma situation précédente, tout en me plaignant – souvent – j’entrevois autre chose, d’autres chemins qui puisent dans mon passé.

À mon médecin, le docteur B., toujours attentif, je finis par dire que nous sommes séparés, mon mari et moi. Je n’arrivais pas à verbaliser ce simple fait tout comme beaucoup de choses d’ailleurs. Comme quoi, on peut faire illusion, parler beaucoup mais pas de ce qui est, du fond du problème. Et surtout, je dis au docteur B. « je suis dans un état dépressif » et là, j’ai compris que je commençais à guérir. Moi-même je suis surprise de cette constatation, comme si cet état, je le connaissais sans le connaître.

L’acceptation et la reconnaissance de cet état est le début de mon envie d’en sortir. Et comme quand on est au fond de la piscine, une seule issue est possible (enfin 2 mais l’une est la noyade) : remonter avec un grand coup de pied.

à bientôt pour la suite et au plaisir de te lire dans les commentaires !

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