Les Routes du Bien-Être - Genèse 06
Pour lire le début, se reporter aux autres articles, numérotés, sur ce blog.
« Quand la liberté meurt, le désir aussi. […] ne pas couper l’autre de ses désirs, ne pas lui couper les ailes, malgré la peur qu’il s’envole ailleurs » Raphaëlle Giordano, Cupidon a des ailes en carton
Donc, pour en revenir à cette journée décisive qui, aujourd’hui est pour moi, une date anniversaire, le 17 novembre 2017, un dimanche, je fais ma valise dans un silence de plomb et une atmosphère de glace. Ma fille m’attend. Son père l’a prévenue. Je suis figée dans un bloc, figée de l’intérieur. Rien ne doit déborder, rien ne doit transparaître, juste quelques larmes en serrant mes fils contre moi. Ce que je n’avais pas fait depuis longtemps. C’est le début de nos retrouvailles corps à corps.
Arrivée chez ma fille, je commence à pleurer et ça sera comme ça pendant de longues nuits après ce jour mais toujours pas face aux autres. Je suis admirative de cette faculté qu’ont certains et certaines à exprimer ainsi leur peine. J’ai beaucoup jugé les excès chez les autres, comme rire trop fort, pleurer en public…
Non, en train de faire ma valise, je déploie un calme olympien, dans un état second, ne pensant qu’au côté pratique avec ce que je souhaite emporter.
Aujourd’hui ne me reste que ces sensations. J’étais pures sensations à ce moment-là mais je ne le savais pas. Nous avons même joué, mes fils et moi, dans cette ambiance glaciale, à un jeu de société. J’avais cette propension à vouloir mettre du positif, de l’optimisme dans le négatif, le sombre. Mes tripes parlent.
Peut-être qu’à ce stade de mon récit, certaines et certains d’entre vous vont croire que se séparer a été une bonne chose et que cette date anniversaire est importante pour ça.
Je réponds oui et… non
Conjointement à ce départ, c’est LA décision de prendre rendez-vous avec mon amie psychothérapeute qui est importante à mes yeux, de même que contacter mon médecin homéopathe. En effet, aller chez ma fille signifiait vivre avec 3 chats alors que je suis allergique depuis 30 ans (tests à l’appui) et que je suffoque en leur présence avec un besoin de médication. Mon médecin me prescrit donc des antihistaminiques. En 6 mois de cohabitation, j’en ai pris… 3.
À mon médecin, bien que bienveillant et me connaissant bien, je dirai avec difficulté que nous sommes séparés. Il s’était passé une chose semblable à la mort de ma mère où j’avais mis un an avant de prononcer ces simples mots « ma mère est morte ».
Les mots sont des fenêtres (ou bien ils sont des murs) qui est le titre du livre de Marshall Rosenberg, créateur de la Communication Non Violente, est significatif.
Donc, je me sens mal comme je crois ne m’être jamais sentie, comme si, me retrouver hors de ma maison que nous habitons depuis 15 ans, de mon foyer depuis plus de 20 ans, du cocon familial construit et surtout, surtout, séparée de mes enfants, j’étais amputée d’une partie de moi.
Heureusement, j’ai entamé les séances de psychothérapie qui deviennent une ancre, parfois même indispensables et dont j’attends le jour de rendez-vous avec fébrilité.
Seulement voilà, physiquement, rien n’est visible !
Cette fameuse dictature de l’apparence, est-ce que je la subis à ce moment-là ? Encore une fois, ma réponse est oui… et non.
Je choisis, nous choisissons mais c’est difficile à admettre puisque c’est inconscient et que, comme tout le monde, c’est la faute de l’autre, de l’extérieur…
Ce qui va vraiment me changer est la psychothérapie avec M. et bien plus encore (et pourtant en écrivant ces mots, je me souviens de la souffrance et de mes questionnements), donc, bien plus que la séparation, c’est cette plongée en moi qui est révélatrice.
J’ai parlé de ma nuit noire de l’âme dans de précédents articles et de cette conscience, comme a dit M. qui a émergé à ce moment-là.
Il ne m’a pas fallu longtemps – un mois de thérapie – pour comprendre que se contenter de divorcer, de se séparer était loin de solutionner le mal-être. C’est surtout que cet effet de bascule est déstabilisant ; se rendre compte et prendre conscience que la vie n’est peut-être pas comme on le croit.