Les Routes du Bien-Être - Genèse 09

(lire les chapitres précédents ici sur ce blog)

« Le monde paraissait plein de règles diverses. Je faisais des découvertes nouvelles littéralement à chaque pas. »

Haruki Murakami, la Fin des Temps

Et pourtant, je suis curieuse, je le sais aujourd’hui. Ce qu’il y a est que grandir avec « la curiosité et un vilain défaut », des interdits et surtout des secrets qui se chuchotent en faisant attention à ce que ça ne se sache pas, n’aide pas.

Mais tout ça, je ne le savais pas. Et je devais être au fond du trou pour le savoir et vouloir comprendre ce qui se passait. Et cette connaissance est un puits sans fond.

Au début, tournée vers l’extérieur, m’en souciant plus que de moi-même et par la même occasion, accusant les autres de ce qui m’arrivait, je me plaignais encore beaucoup.

Je n’avais pas encore compris ce concept du triangle de Karpmann qu’avait asséné ma psy comme une théorie en voulant bien faire mais je n’étais pas prête. Et ce fameux triangle*, j’ai compris que chacun le comprend à sa façon. Pour moi, je ne pouvais qu’être bourreau, victime ou sauveur. J’étais enfermée dans ce triangle.

Puis j’ai rencontré des personnes comme un hypnothérapeute, j’ai regardé des vidéos comme la série Et tout le monde s’en fout sur Youtube qui me l’ont expliqué. Bon, j’étais encore prisonnière de ces rôles comme on dit jusqu’à ce que quelqu’un à qui je fais part de ma sensation d’enfermement me dit simplement que je peux être neutre. D’autres disent assertif mais beaucoup de ce vocabulaire qui parsème les discours de ceux et celles qui parlent de psychologie et de développement personnel est hors de portée.

Et pourtant, je crois bien en avoir, du vocabulaire. Pendant longtemps, j’ai même brimé mon langage pour ne pas déplaire et ne pas me faire rejeter ou plutôt accepter. Aujourd’hui, j’ai encore un peu de mal avec ça qui peut être considéré comme de la condescendance et du manque d’affirmation de moi.

Se faire comprendre, d’une part, est ce que j’ai compris, oui. Mais il y a aussi ne pas s’effacer et s’exprimer pleinement. Considérer l’autre comme « inapte » à me comprendre par exemple, est une façon de lui retirer son pouvoir. Là prend tout son sens le fameux rôle de sauveur, ni utile pour celui qui agit, ni utile pour celui qui subit.

Par exemple, concrètement, le père de mes enfants était envié par mon entourage. Un homme qui cuisine, qui fait le ménage, qui va aux matchs des enfants… et qui me déchargeait, c’est vrai de beaucoup de tâches mais à force. Et bien, à un moment, je me sentais minable à côté de lui qui semblait – et ce mot est important – tellement, mille fois mieux que moi. L’impression est une sensation forte, tellement forte qu’elle fausse la réalité. Et j’ai fait un long chemin, notamment avec une coach en relations amoureuses pour retomber sur mes pieds et replonger dans le concret de la vie.

Ces prises de conscience, je m’en suis inspirée pour les faire vivre à mon héroïne dans le Tourbillon de la vie, Chronique d’une femme amoureuse. Le choix de son prénom n’est pas anodin non plus, il est celui que ma mère avait choisi à ma naissance mais pas retenu au profit du choix de mon père.[…]

*triangle dramatique de Karpmann (1968) : chacun a une position sur ce triangle : victime, persécuteur, sauveur. Les « joueurs » entrent dans ce jeu psychologique dans une certaine position et changent de rôle lors d’un évènement déclencheur : la victime devient persécuteur, le sauveur devient victime ou persécuteur et le persécuteur, victime. Un épisode de la série Et tout le monde s’en fou sur Youtube l’explique de façon ludique.

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