certains l’aiment chaud (some like it hot)

Tony Curtis, Jack Lemmon et Marilyn Monroe

Point Of View - Focus Classique

1959, Billy Wilder, le réalisateur de Certains l’aiment chaud (Some like it hot en anglais) met en scène des acteurs qu’on reconnait, comme Tony Curtis, Jack Lemmon et Marilyn Monroe.

Je vous conseille la version américaine en version originale pour une meilleure compréhension, comme c’est souvent le cas, de l’humour intraduisible et qui tombe à l’eau, une fois sur deux, une fois qu’il est doublé.

Le pitch de ce film est assez simple et il est le prétexte à une succession de gags et de situations comiques : deux musiciens fauchés (Tony Curtis et Jack Lemmon) assistent à un règlement de compte dans le Chigago de la prohibition. Pour échapper à la mafia et à un dénommé Spats (George Raft) et sa bande, ils rejoignent un orchestre de femmes, déguisés en femmes. Là, ils tombent amoureux de Sugar (Marilyn Monroe), joueuse de yukulélé et chanteuse.

Beaucoup de choses sont dites sur ce film et je vous laisse faire le tri avec ce que vous trouverez.

En ce qui me concerne, présenté comme un classique quand j’étais étudiante en cinéma quoique pas particulièrement étudié vu que c’est une comédie et que les études de cinéma, c’est sérieux, je vous livre ici mon avis tout subjectif avec mes yeux d’aujourd’hui.

Billy Wilder et Marilyn Monroe

Le rôle de la femme

Dans ce que je lis ici et là, les acteurs et les actrices ont tendance à être confondus avec leurs rôles.

Pour Marilyn Monroe, ce fut le cas et ce l’est peut-être encore à un point extrême.

Aussi, je parlerai ici de son personnage de Sugar qui arrive en marchant le long du quai d’une gare, observée sans équivoque par Curtis et Lemmon costumés en femmes.

Or, il se trouve que Marilyn avait ses idées bien à elle pour jouer le personnage de Sugar qui n’étaient pas celles de Wilder. Et cette scène en est le résultat avec l’ajout de la projection d’air du train qui la pousse sur le côté.

Marilyn avait un sens indéniable de la comédie mais peu l’ont exploité.

Le côté moderne de ce film tient aussi dans le positionnement que tiennent ces deux acteurs dans leur rôle de femmes.

Quelques remarques bien senties révèlent quelque chose de nouveau au milieu de ce star system où les femmes n’étaient que des marchandises à modeler et à valoriser voire à transformer. Ce que Marilyn avait parfaitement compris et maîtrise bien dans cette arrivée axée sur sa démarche qui vaut quelques répliques savoureuses.

Et pourtant, c’est en tant que productrice des “marilyn monroe productions inc” qu’elle fait ce film.

Côté vie privée, elle est mariée à Arthur Miller à ce moment-là et sur le tournage, elle est enceinte, ce que peu de biographes prennent en compte pour parler de son état. Il ne sera retenu sur le côté difficile du tournage, ses retards mais vu sous un autre angle, ne serait-ce pas cette grossesse qui en serait la cause ? Marilyn avait fait de nombreuses fausses couches et rien n’était fait pour aider les femmes comme aujourd’hui.

Même si elle est le premier rôle féminin, la femme est belle est bien un personnage secondaire ici. Les vrais héros sont bien les hommes et même l’orchestre féminin est un prétexte à des tenues de scène très osées pour Marilyn et à des chansons qui ajoutent une touche romantique à l’ensemble.

Les paroles de Sugar décrivent la femme telle que les studios la façonnent : blonde (toutes les musiciennes le sont), amoureuse (même d’un raté), glamour (même au réveil, même triste), et surtout idiote (la cheffe d’orchestre n’entend pas le raffut d’une douzaine de filles dans le train) et surtout, surtout toujours dépendante d’un homme (l’orchestre est accompagné d’un homme qui gère).

Ce que Marilyn a refusé au début : la blonde idiote mais des problèmes d’argent dans son couple l’ont fait accepter le rôle en faisant tout pour jouer Sugar à sa façon d’où ses poignes de fer avec Billy Wilder.

Et les hommes, dans tout ça ?

Joe E. Brown et Jack Lemmon

Les hommes ont des rôles qui les font remarquer, bien plus que les femmes mises dans le sac “orchestre”. Oui, la parité est sûrement respectée mais pas en parole et pas pour les mêmes raisons revendiquées aujourd’hui.

Je reviens aux principaux : Jack Lemmon et Tony Curtis, une sorte de duo à la Jerry Lewis et Dean Martin avec un bellâtre (Curtis) et un faire-valoir (Lemmon). Joe (Curtis) devient Josephine, et Jerry (Lemmon) devient Daphné après avoir hésité avec Geraldine) et encore plus, Joe va aussi devenir Shell Junior pour séduire Sugar.

Arrivent derrière le chef de la mafia avec le choix judicieux de George Raft qui a joué il y a peu Scarface (soit le célèbre Al Capone et pour lequel il a inscrit dans la légende la fameuse pièce qu’il lance en l’air). En ce qui concerne cette référence, je tire mon chapeau aux scénaristes de placer dans la bouche de Raft/Spats la remarque ironique à un jeune qui joue avec une pièce “tu crois imiter qui ?”. Avec lui, l’excentrique Osgood Fielding III (Joe E. Brown), sont les plus à remarquer. Osgood s’éprend de la charpentée Daphné, ce qui vaut une scène de danse entre eux mémorable. Mais c’est bien en Daphné que Jerry tombe amoureuse et accepte les fiançailles tandis que Curtis triche jusqu’au bout avec Sugar en prétendant être milliardaire… et frigide.

Résultat, la femme se fait bien avoir mais l’accepte (comédie américaine des années 1950 oblige !) mais pas l’homme qui encaisse tout.

Alors qu’est-ce qui fait que ça marche quand même aussi longtemps après ? Même pour un film en noir et blanc, c’est un peu fort de café !

Nobody’s perfect !

Ça marche, ça marche avec cette alchimie du casting, ces gags à répétition et en cascade, le travestissement, le détail (Lemmon qui oublie d’ôter ses talons habillé en homme), des acteurs au top niveau et une actrice qui les surclasse et qui joue sans l’air d’y toucher une blonde idiote comme on lui demande mais à sa façon et c’est peut-être là aussi que réside le génie de l’actrice du star système : celui d’y arriver coûte que coûte sans vendre son âme au diable.

Gardons bien en tête que Marilyn mettait un temps fou à émerger de Norma Jean. Son cas n’est pas très éloigné d’acteurs et actrices d’aujourd’hui.

Je garde pour la fin le génie de la fin du film qui me fait le savourer à chaque fois autant. Et chère lectrice, cher lecteur, tu vas devoir t’y coller aussi pour comprendre combien ce film est moderne avec ce “nobody’s perfect”

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