Revisiter l’histoire du cinéma - Alice Guy Blaché

Alice Guy, oubliée des historiens du cinéma, comment est-ce possible ?

(1873-1968)

Pour revenir aux frères Lumière et à leur invention, c’est bien eux qui furent à l’origine de la vocation d’Alice Guy.

Alors pourquoi, moi, étudiante en cinéma dans les années 1990, n’en ai-je entendu parler qu’il y a 7 ans environ ?

Sa réhabilitation fut longue. Un prix a même été crée mais en y regardant de plus près, ce fut en 2018 ! Soit plus de 130 ans après sa naissance ! Enfin, mieux vaut tard que jamais !

Alice Guy est alors sténo-dactylo à la naissance du cinéma et elle assiste comme beaucoup de parisiens aux premières projections des frères Lumière.

Pour rappel, Le premier est La Sortie des Usines Lumière qui semble un documentaire alors qu’en y regardant de plus près, les ouvriers et les ouvrières ont leur tenue du dimanche. Les films duraient la longueur de la pellicule, soit 45 secondes pour celui-là. Arrivée d’un train en gare de la Ciotat, un autre film des frères Lumière a eu un effet détonnant auprès d’un premier public soigneusement choisi d’investisseurs. Imaginez vos premiers films en 3D avec cette impression d’un train qui vous fonce dessus et vous aurez à peu-près les sensations du spectateur. En étant attentif, on peut remarquer que certains voyageurs fixent la caméra que Louis Lumière actionnait lui-même sur la quai.

“Que cela n’empiète pas sur votre travail !”

Pour en revenir à Alice Guy, elle est secrétaire de Léon Gaumont, un industriel qui vend de la pellicule photographique et qui est un acteur décisif dans la propagation du cinéma. Il décide de vendre des caméras, des projecteurs et de la pellicule mais ça ne marche pas !

Depuis les projections, Alice Guy a des idées et lui propose de réaliser des petits films pour faire la promotion des produits à vendre. Son patron accepte, à condition que cela n’empiète pas sur son travail.

Même si la quasi-totalité de ses films a disparu, quelques-uns comme La Fée aux choux son premier film scénarisé, mis en scène avec des acteurs, des décors et une histoire peuvent être vus sur Internet.

Elle réalisera quelques 400 films (quasiment tous tombés dans l’oubli) et supervisera ceux de réalisateurs comme Louis Feuillade. L’ironie est qu’elle en réalisera beaucoup plus que certains hommes qui, eux, sont passés à la postérité.

Elle expérimente, teste et tourne même une photoscène avec du son, considéré aujourd’hui comme une avancée majeure.

Les États-Unis

En 1907, le cinéma devient une industrie importante et Léon Gaumont vise les États-Unis. Mariée au cameraman Hubert Blaché, Alice Guy le suit puisque celui-ci est chargé de commercialiser le chronophone de Gaumont outre Atlantique.

Elle fonde une maison de production et supervise près de 300 films et en dirige près de 50.

Jusqu’en 1917, Alice Guy Blaché domine le cinéma mondial mais une série d’évènements ont raison d’elle : des investisseurs douteux, les infidélités de son mari, la maladie, le divorce, le déplacement de l’industrie du cinéma de New York à Los Angeles.

L’oubli

Elle rentre en France mais elle a été oubliée.

Bien sûr, le fait d’avoir été une femme explique son effacement alors que Méliès, les frères Lumière ou Louis Feuillade sont encore étudiés alors que leur œuvre et leur production est mineure et beaucoup plus courte.

En 1954, Louis Gaumont lui rend un hommage officiel. Elle reçoit la légion d’honneur en 1955 et Henri Langlois lui consacre une exposition à la cinémathèque française en 1957.

Elle meurt en 1968 mais qui lui rend hommage ?

Il a fallu ce prix en 2018 pour se “souvenir” de ses contributions et pour dire d’elle qu’elle est la première réalisatrice.

Oui, comme souvent, le premier réalisateur est une femme.

En ce qui me concerne, je trouvais moderne d’étudier le cinéma dans les années 1990 mais finalement, j’ai étudié un cinéma de dinosaures et d’hommes qui n’avait rien (ou presque) à envier à ces cours de littérature classiques que j’aimais mais qui m’ont fait saturer.

Je suis bien tombée dans le piège et je me suis rendue complice de l’effacement de la femme dans un milieu qui, aujourd’hui encore, en porte les stigmates avec son instrumentalisation.

Source : https://www.cnc.fr/cinema/actualites/alice-guy-premiere-realisatrice-de-fiction_881163

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