Et si nous suivions notre rythme ?

conte métaphorique

Il était une fois une cigogne qui allait de par les continents. Elle allait du Nord au Sud en hiver et du Sud au Nord en été. Et ceci avec beaucoup d’entrain et de courage. Elle aimait bien ces longs voyages et pourtant elle se disait qu’elle s’arrêterait bien de temps en temps pour visiter les jolis villages et les villes ainsi que les campagnes, les forêts, les montagnes, les prairies, les îles. Avec ses compagnes cigognes elles ne faisaient que tremper leur long bec dans les points d’eau et elles en profitaient pour rafraîchir leur plumage poussiéreux qui séchait ensuite avec les alizés ou autres vents chauds qu’elles croisaient.

Bien entendu, si l’une des cigognes percevait ou entendait une nuée d’insectes à leur portée, elle prévenait les autres par un cri aigu et avec certitude, elles pouvaient y plonger et déguster les délicieux et croustillantes petites créatures.

Aglaë, la cigogne qui aurait bien voulu s’arrêter visiter, se balader, flâner, n’avait plus d’entrain pour ces longues traversées. Elle voulait changer, se reposer et cesser d’être comme les autres. Elle avait envie de découvrir, de se découvrir.

Lors d’un voyage Sud-Nord, Aglaë, la cigogne, annonça à ses amies qu’elle ne rentrait pas avec elles. Ce grand et beau volatile qu’elle était, choisit un continent où sa race n’était pas connue. Elle se dit qu’on la laisserait tranquille. Et, en effet, elle coula des jours paisibles, sur un transat de branches de cocotiers.

Puis quelques curieux s’approchèrent. Elle les regardait en souriant. Seulement pour quelqu’un qui n’a pas vu de cigogne de sa vie en chair et en os, et en plus, une cigogne qui sourit, ça peut rendre hésitant.

Aussi, Aglaë, pour encourager ces quelques courageux et parce qu’elle s’avoua que bavarder avec ses amies lui manquait, la cigogne donc, apprit la langue des autochtones.

Elle comprit que pour eux, son sourire n’en était pas un, que ses grandes ailes étaient synonymes d’une puissance passée qui ne voulait pas du bien à ce peuple et que son grand bec incitait à la prudence.

Quand le dialogue devint plus fluide entre Aglaë et ces habitants qui avaient pour doux nom les frimoussins, habitants de la terre Frimoussine, Aglaë put leur raconter longuement combien tous les voyages qu’elle avait vécu furent enrichissants. elle raconta les couchers de soleil, la terre arrondie à l’horizon, les océans salés, les vents qui sifflaient, les volcans qui grondaient, les petits oiseaux qui cognaient contre son bec, le parfum des marécages ou bien des algues au-dessus de l’eau et celui des fleurs ou de la vanille au sud, le froid glacial de certains courants d’air et le goût âcre de certains moucherons.

Les amies d’Aglaë vinrent à passer au-dessus de sa tête et Aglaë les interpella joyeusement. Étonnées, elles firent une halte et furent ravies de rencontrer tous les frimoussins qui, eux aussi, furent étonnés et heureux de voir d’autres “Aglaë”.

Radieuses, les amies cigognes d’Aglaë repartirent au bout d’une semaine, pleines d’entrain.

Bientôt, d’autres cigognes s’arrêtèrent sur d’autres continents et désormais, ces grands oiseaux firent des haltes très souvent, visitant leurs compagnes qui, comme Aglaë, eurent envie de se poser.

Aglaë, à nouveau, entreprit de voyager. elle le fit cette fois à son rythme et non pas car c’est ce qu’il fallait faire.

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