Le silence bénéfique et son contraire maléfique
J’ai compris l’importance des silences en m’intéressant de plus près à la communication et en me formant à certaines techniques comme l’analyse transactionnelle ou la PNL (Programmation Neuro Linguistique).
J’en parle parfois dans mes ateliers sur Patreon notamment.
Les silences vont avec l’écoute.
Ecouter l’autre, non pas pour répondre mais, d’une part, pour lui laisser un espace de parole et surtout comprendre.
Nous avons été leurré depuis toute notre scolarité – les maîtres enseignent ce qu’ils apprenent – par ce fameux écouter pour apprendre.
Nous apprenons dans le discours que nous avons. Donc, nous écouter nous-même.
Or l’écoute active et en présence relève de l’exploit et demande une énergie folle pour qui n’y est pas entrainé.
Revenons au silence.
Il est parfait et utile pour cette écoute active et là, il est un vrai espace pour l’autre puisque ce silence-là transpire la bienveillance, la chaleur, l’attention. Ce que nous recherchons bien souvent, c’est être enveloppé d’un cocon de compréhension.
Pourtant ce type de silence qui fait de la place à l’autre, démontre quelle importance il a, autant le silence fuyant, de celui qui affirme sa complicité par peur de… se mouiller, s’exprimer, se compromettre ou que sais-je. Ce silence-là, complice d’une situation malaisante, de paroles malveillantes, fait plutôt figure de blessure infligée telle une flèche qu’on n’entend pas venir.
La personne qui use de ces silences ne le sait pas mais elle perd peu à peu l’autre. Attention, l’autre peut comprendre, s’accrocher, excuser, pardonner, se dire que ce n’est rien et la relation peut tout de même perdurer.
Mais ce silence-là est si pesant, à la limite du mépris et de l’ignorance même de l’individu en tant que tel qu’il blesse immanquablement.
J’ai vécu de ces silences, complice de la violence d’un tiers. De cette violence verbale si peu reconnue parce que les traces qu’elle laisse sont invisibles à l’œil nu. Je suis passée dessus ces silences mais quelque part en moi, il subsistait dans ma mémoire.
Deux exemples similaires récents me les ont rappelés. Tout d’abord dans le roman Tout le bleu du ciel de Mélissa Da Costa où le personnage féminin principal, insulté insidieusement par se beaux-parents, vit une rupture intérieure que provoque le silence de son compagnon.
Puis, dans un autre roman l’Ivresse du vent de Véronique Chauvy où un personnage féminin est humilié par la femme de l’homme qui dit l’aimer alors que le dit-homme n’est que silence. Ce silence, une fois de plus, poignarde cette femme.
Je reviens sur ces correspondances qui se font entre fictions et réalité chaque mois dans mes vidéos sur Patreon.
Je comprends que ce type de silence est parfois la seule réponse que certaines personnes ont à opposer à des violences verbales.
Si Marshall Rozenberg, fondateur de la Communication Non Violente, intitule son livre Les Mots sont des fenêtres (ou bien ce sont des murs), les mots peuvent aussi être des murs par leur absence.
Paradoxal ?
Oui et non. Nous pensons et croyons nous mettre à l’abri (provisoirement dans le moment) en nous taisant. C’est un effet qui nous vient de notre partie du cerveau dit reptilien.
Pour de multiples raisons et elles sont propres à chaque individu, ces silences qui sonnent comme des fuites, ont une origine.
Toutefois, ils sont perçus dans la relation comme un désaveu, une lâcheté, un manquement.
Celui ou celle qui fait silence de quelque façon que ce soit – même par la fuite physique – a aussi quelque chose à réparer.
J’assimile ce silence à une réactivation de cette peur primale qui peut figer et nous l’oublions parfois.
Oui, il peut être pardonné ce silence – ce que j’ai fait – mais un jour il ressort, revient en force même longtemps après – 10, 20, 30 ans – et souvent, il est amplifié et se répète, brisant net la relation chancelante.
Nos silences sont comme nos bavardages – j’étais une spécialiste - , ils peuvent blesser tout autant lorsqu’ils sont dictés par des peurs encore à écouter, à guérir. Si la personne le souhaite et en a conscience surtout.
Autrement, le silence qui ouvre un espace de parole et de confiance à l’autre, devrait être plus diffusé.
Certaines personnes qui prodiguent des soins comme les massages, ont une forte écoute, par exemple.
De même le bavardage, sans être péjoratif, peut être une bonne introduction à une conversation plus profonde, si la personne bavarde le fait, une fois encore, avec conscience et avec de la place pour l’écoute.
Il y a 6 ans, j’ai fait une demande qui m’a surprise moi-même « je veux communiquer » J’avais 50 ans. On pourrait croire que je savais communiquer. Et bien non ! Et j’ai appris toute la valeur des silences.
Le silence est aujourd’hui mon espace ressource.
Aujourd’hui, je le sais et j’en use à bon escient.
Bon, je reste bavarde. Certaines choses changent, d’autres pas !